René Dondelinger : un vacciné sachant vacciner et convaincre

09/02/21 | Actualité, Covid19

S’il est déjà vacciné alors qu’il n’a que 47 ans, c’est parce qu’il est en contact permanent avec des personnes vulnérables au Covid-19. Et depuis un an, c’est vrai qu’il les a multipliés, ces contacts, le docteur René Dondelinger, mais toujours dans le respect des règles sanitaires. Gériatre de son état, attaché au Centre Hospitalier Emile Mayrisch et coordinateur Covid chez SERVIOR Dudelange, il attend depuis des mois l’impossible répit. Jusqu’à ce marqueur d’espoir qu’est le vaccin… mais que la route est longue !

« J’ai reçu ma seconde dose le 2 février, raconte René Dondelinger. Normalement, deux à trois semaines après cette date, je devrais être arrivé au point maximum de protection. Il est vraiment temps que la crise s’arrête. J’en suis à ma douzième semaine de travail d’affilée, et je fais seul le travail de deux, car ma collègue assure le soin aux patients en zone Covid. Les vacances me manquent. » La solution, il le croit, il l’espère, c’est ce vaccin, ou plutôt ces vaccins qui commencent à arriver. Il ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur le travail des chercheurs, qui ont développé ces solutions basées sur l’ARN messager ou sur des biotechniques plus traditionnelles.

35 fois plus testé que le vaccin contre la grippe

« Paradoxalement, c’est précisément cela qui peut faire peur aux gens. Ils pensent qu’on peut s’attaquer à leur ADN. Alors on explique simplement le fonctionnement du vaccin. Quand je pense qu’on propose chaque année un vaccin contre la grippe qui a été testé sur 2.000 volontaires, alors qu’ici Pfizer a testé son vaccin sur 40.000 personnes et Moderna sur 30.000 personnes ! Ce produit est 35 fois plus sûr ! »

« Je suis un optimiste de nature, mais je ne veux pas être naïf. Le masque,  je continuerai à le porter.  Et je continuerai à respecter les distances et les règles sanitaires comme le lavage des mains, qui est.  Car il reste des inconnues : combien de temps durera l’immunité des vaccinés ? Dans quelle mesure pourront-ils être contagieux ? On connaît les coronavirus depuis 20 ans, mais le Sars Cov2 nous réserve peut-être des surprises… »

Génération vaccination

Convaincu du rôle capital du vaccin dans la recherche d’une immunité collective, le Docteur Dondelinger a donc passé beaucoup de temps à informer les pensionnaires et les équipes de la résidence Grand-Duc Jean, notamment, dont il est le coordinateur de la vaccination. Si les soignants peuvent se montrer plus critiques, les seniors font en général partie des irréductibles convaincus. « Il y a chez les personnes âgées un mélange entre la confiance dans leur médecin et la sagesse d’une génération qui a connu des vaccinations quasi expérimentales, et n’a pas de crainte de la piqûre. Ce qui les motive, c’est la perspective de pouvoir serrer à nouveau dans leurs bras leurs enfants et petits-enfants. Et, par ricochet, leurs familles sont aussi demandeuses du vaccin.»

Retard fatal

A ceux qui hésitent, René Dondelinger parle de responsabilité sociale et de risque minime, pour une affection trois fois plus contagieuse que la grippe. La vaccination obligatoire, au moins dans les professions de santé, il n’y croit pas trop : « D’abord, il y a les droits humains. Et puis nous n’avons pas tous les mêmes corps, les mêmes croyances… » Mais la maîtrise du virus est un objectif indispensable dans une société qui n’a pas souffert que des décès du Covid-19. « Lors de la première vague, particulièrement, beaucoup de patients ont évité les hôpitaux, associés à la pandémie. Et quand ils ont enfin consulté, le mal dont ils souffraient s’était parfois trop développé, hélas. On a vu des maladies cardiaques prises trop tard, ou des détections de cancer trop tardives également. »

95, 96, 97

Alors que tous les Etats sont engagés dans une lutte contre la montre pour vacciner le plus grand nombre avant le développement de nouveaux « variants » de la maladie, le docteur Dondelinger ne se hasarderait pas à rêver d’une date de sortie de crise. « Je le répète, je suis un optimiste. Un de mes meilleurs souvenirs de l’année restera d’avoir vu trois de mes patientes, de 95, 96 et 97 ans, se contaminer au coronavirus, mais rester totalement asymptomatiques. Et puis, les variants ne sont pas toujours plus dangereux : le virus peut aussi muter dans une forme inoffensive. Ah, si toute la population était vaccinée pour l’été… ce serait parfait. Plus raisonnablement, je rêve que Noël 2021 soit le même que Noël 2019, et qu’on puisse enfin oublier le millésime confiné 2020. »