On les croise dans les couloirs, dans les parcs de nos maisons, au restaurant… Souvent, ils poussent une chaise roulante, ou tiennent le bras d’un pensionnaire. Souriants. A l’écoute. Oreille ou béquille pour nos résidents moins valides, les aides-soignants permettent d’ajouter une couche d’humanité à la prise en charge médicale traditionnelle. Mais ils ne constituent pas un luxe : juste un métier indispensable, qui mériterait souvent d’être mieux considéré. Chez SERVIOR, ils sont au nombre de 600, actifs 24h sur 24, pour le confort et la sécurité des résidents. Ils représentent 519 équivalents temps plein, soit la profession la plus représentée au sein du groupe (29,3% du personnel), avec 16% d’hommes et 84% de femmes.
C’est vrai qu’il faut une sacrée dose de philosophie pour pratiquer ce métier ! Non seulement vis-à-vis des patients, mais aussi par rapport au public, qui ne perçoit pas toujours la profondeur de la tâche. Qu’une journée internationale soit dédiée aux aides-soignant(e)s n’est que justice.
Par définition, l’aide-soignant aide le patient dans les activités quotidiennes qu’il ne peut exécuter lui-même, comme l’alimentation, la mobilisation, les soins d’hygiène et de confort. Il intervient également dans la surveillance et les soins. « Des gens pensent qu’on est là pour faire les tartines et emmener les patients aux toilettes. Ils nous assimilent à des machines à laver les personnes dépendantes », sourit Lars Maggi, aide-soignant à la résidence Grand-Duc Jean de Dudelange. « Même dans mon entourage proche, je dois expliquer que si on n’était pas là, certaines personnes n’arriveraient tout simplement pas à se lever, à vivre. La situation de pandémie a un peu changé les choses, quand les personnels médicaux et périphériques ont acquis une certaine estime du public. Mais pour combien de temps…»
On peut changer les choses
De la philosophie, il en faut ! « En fait, quand on explique bien notre rôle, les gens comprennent notre importance. Notre récompense, de toute façon, elle se situe plus dans le regard de ceux dont nous nous occupons. Quand nous accueillons des personnes qui étaient seules à la maison, et qui se laissaient aller, et que nous nous occupons d’elles, que nous les aidons à évoluer, qu’elles se sentent revivre, qu’elles comprennent que ce n’est pas la fin, c’est un sentiment incomparable, décrit Lars Maggi. Pendant la crise sanitaire, j’ai éprouvé des sentiments très forts, à voir des personnes touchées par le virus, sous respirateur, qu’on a assistées, accompagnées, et qui ont vaincu la maladie. C’était extraordinaire. Dans ces circonstances-là, on a vraiment l’impression qu’on peut changer les choses. »
Les aides-soignants sont présents en permanence dans nos maisons. C’est surtout le matin que leurs actes sont les plus nombreux. Il faut aider les résidents qui en ont besoin à se laver, s’habiller, manger aussi. Ils sont également impliqués dans les soins. « Et puis il faut les accompagner au restaurant, les encadrer lors des animations et de leurs occupations, détaille Lars Maggi. Nos actes ne sont pas strictement quantifiables. Nous assurons surtout un accompagnement, qui est d’autant plus intense et humain qu’on ne nous impose pas les cadences parfois demandées dans les pays voisins. S’ils ne se sentent pas bien, on fait tout pour le remettre sur la bonne voie. Ce n’est pas mesurable »
Complément de l’infirmier
Un sous-infirmier, l’aide-soignant ? « En fait, nos parcours sont similaires. L’infirmier étudie plus longtemps, plus « profond ». Nous posons un peu les mêmes actes, mais nous nous arrêtons à ce qui est plus complexe. La formation au Luxembourg est plus approfondie que dans les pays voisins. C’est peut-être cela aussi qui explique la meilleure considération que nos collègues étrangers peuvent ressentir en venant ici. Ils peuvent obtenir l’équivalence sur base des années de travail qu’ils ont accomplies dans leur pays d’origine. »
En maison de retraite, les aides-soignants ont une présence et un rôle majeurs. « En milieu hospitalier, le rapport doit être d’un(e) aide-soignant(e) pour quatre infirmiers-ères. Chez nous, c’est l’inverse.
Pas de plafond de verre
Convaincu qu’il faut donner encore plus de lettres de noblesses à sa profession, Lars Maggi s’est engagé à prodiguer des formations à ses pairs l’année prochaine. Présent à SERVIOR Dudelange depuis 2009, il aime s’occuper des élèves stagiaires, et les encadre pour donner un sens à leur apprentissage. « Notre profession mérite d’être mieux mise en évidence. Nous avons un bon salaire, un bon statut. Et pour moi, c’est important de pouvoir exercer un métier hors d’un bureau, et d’être à même de changer les choses. Dans notre job aussi, il y a de la mobilité : certains sont devenus tuteur, chef de service, gouvernante… » Lars Maggi relève que certains collègues font profil bas, n’osent pas briguer de nouvelles opportunités, malgré leurs compétences multiples. Il veut les convaincre qu’il n’y a pas de plafond de verre, pas de prédestination à rester cantonné dans les seuls soins.
Et il sourit : « Il faut que le public comprenne qu’à Noël, on sera présent, pendant que d’autres réveillonneront. Cela vaut bien un peu de reconnaissance, non ? »