Spécialiste du grand âge, SERVIOR héberge 1800 personnes dites “âgées”. N’affirme-t-on pas que l’âge est d’abord un état d’esprit? Mais c’est aussi parfois une qualification très officielle. On préfère souvent parler de “seniors” à propos de ces hôtes de nos maisons, qui sont pour la plupart retraités depuis de nombreuses années. Du marché du travail, ils ne conservent que le souvenir, et en tout cas pas la pratique.
Si l’âge officiel de la retraite est fixé à 65 ans au Luxembourg, beaucoup de salariés profitent des dispositions permettant de quitter le monde du travail plusieurs années plus tôt. Au point que les travailleurs “âgés” représentent une portion beaucoup moins importante ici que dans les pays voisins, ce qui a toujours préoccupé les autorités, qui comptent certes sur l’augmentation continue de la population et des travailleurs venus d’ailleurs pour maintenir l’équilibre des fonds de retraite, mais ne dédaigneraient pas non plus voir les salariés rester quelques années de plus à leur poste. En corollaire, il y a l’attitude des entreprises face à ces salariés expérimentés mais parfois soupçonnés de n’avoir plus le même rendement qu’à 25 ans. Et aussi, le reclassement des personnes qui ont perdu leur emploi et n’ont pas encore droit à une heureuse retraite.
Des aides peu utilisées
Dans le monde du travail, on peut être qualifié de “senior” (en opposition à “junior”) quand on est encore jeune… mais on est vite considéré comme “âgé”. A 50 ou 55 ans, selon les appréciations, et même à 45 ans si on est au chômage… David Marguerit et Thuc Uyen Nguyen-Thi, deux chercheurs du Liser (Luxembourg Institute of Socio-Economic Research) ont récemment analysé les tendances dans un rapport. Pour eux, force est de constater que l’aide à l’embauche des travailleurs âgés reste un dispositif assez peu utilisé, alors que la nécessité d’encourager le travail des moins jeunes est patente.
“L’emploi des séniors est l’une des priorités des pays développés, écrivent-ils. Assurer un niveau suffisant d’emploi des travailleurs âgés est crucial pour soutenir le système d’assurance pension et modérer les effets potentiellement négatifs de l’évolution démographique sur la croissance économique.” Or, le Luxembourg a le plus faible taux d’emploi de la population âgée de 55 à 64 ans des pays de l’Union européenne (44 % au
Luxembourg, contre 60 % pour l’Union européenne en 2020)
Beaucoup moins que dans les pays voisins
D’après l’ITM (Inspection du Travail et des Mines), en 2015, seuls 38,4 % des salariés
âgés de 55 à 64 ans étaient encore actifs sur le marché du travail, alors que l’Union européenne affichait une moyenne de 53,3 %, selon les chiffres d’Eurostat. En
2014, 25,1 % des personnes âgées de 50 à 69 ans avaient arrêté de travailler pour
des questions de santé ou d’incapacité. Le taux d’emploi des personnes âgées de 55 à 64 ans au Luxembourg était en 2014 de 42,5 %, alors qu’il était de 65,6 % en Allemagne, de
47 % en France et de 42,7 % en Belgique. Ce taux dépassait les 70 % dans certains
pays, tels la Norvège, la Suède ou la Suisse.
Depuis 1993, des aides existent pour encourager les entreprises à employer les travailleurs plus âgés. Elles ont été modifiées en 2017. En gros, le travailleur concerné doit s’être inscrit à l’ADEM au moins un mois avant son embauche et il ne doit pas bénéficier d’autres aides et prestations (comme une retraite anticipée, pension de retraite, etc.) La personne embauchée doit être âgée d’au moins 45 ans au moment de la prise de poste. Elle doit avoir un contrat à durée indéterminée (CDI) ou un contrat à durée déterminée d’au moins 18 mois. En contrepartie, l’employeur peut bénéficier d’un remboursement des cotisations sociales s’il en fait la demande. Initialement, les parts employeur et employé étaient remboursées, mais cela ne concerne plus que la part employeur depuis la réforme de 2017.
Les seniors plus fiables
Les chercheurs du Liser constatent néanmoins que le taux de recours de cette aide reste assez faible, et sa progression est moins forte depuis 2010. “Plusieurs caractéristiques de l’employeur semblent associées au recours à l’aide, c’est le cas des entreprises de petite taille et celles composées d’une main-d’œuvre diversifiée en termes d’âge et de genre.
Les travailleurs ayant eu des emplois qualifiés, à plein temps et en CDI ont plus de chance d’être réemployés grâce à l’aide.”
Les seniors au travail ne manquent pourtant pas d’atouts. Ils sont considérés comme plus autonomes, fiables et flexibles, n’ayant généralement plus d’enfants à charge. En général, l’expérience compense nettement un dynamisme pas toujours bien canalisé chez les plus jeunes.
Dans le cas de SERVIOR, la moyenne d’âge des collaborateurs se situe à 41 ans et la présence de salariés dits « seniors » âgés au-delà de 50 ans représente près du quart (24 %) de l’effectif. SERVIOR recrute régulièrement de nouveaux collaborateurs qui ont passé la cinquantaine dans tous les domaines.